En 1995, Andy découvrait les aventures de Buzz l’Éclair au cinéma et recevait pour son anniversaire un jouet à l’effigie du célèbre ranger de l’espace. Pixar propose de découvrir ce film presque trente ans après… Une idée qui attise la curiosité, la quadrilogie Toy Story et ses personnages ayant marqué l’histoire de l’animation. Vers l’infini et l’au-delà ? L’occasion pour les studios Pixar de faire leur grand retour dans les salles de cinéma, leurs trois dernières productions (Soul, Luca et Alerte Rouge) ayant été directement proposées sur Disney+ pendant la pandémie.

 

 

Après s’être échoué avec son équipage sur une planète hostile à la suite d’une erreur de pilotage, Buzz l’Éclair tente de réparer sa faute et de ramener ses partenaires sains et sauf à la maison. Une mission périlleuse où le rangeur endure plusieurs voyages spatiaux afin de trouver la bonne formule de cristal permettant d’atteindre l’hypervitesse. Mais chaque voyage n’est pas sans conséquences, le héros faisant un bon de quatre ans à chaque tentative alors que lui ne vieillit que de quelques minutes. Le temps est donc compté pour l’équipage… Et l’arrivée du terrible Zurg et de son armée de robots impitoyables ne va pas lui faciliter la tâche.

 

 

Un des challenges des équipes de Pixar était d’écrire une nouvelle identité au Ranger de l’espace sans offusquer les anciennes générations attachées au personnage d’origine. Les premières minutes du film s’évertuent à rassurer le spectateur, la séquence étant bourrée de références au célèbre jouet. Un brin irritable, psychorigide et sûr de lui au début du récit, le profil du personnage évolue avec un parallélisme clairement établi avec le Buzz version plastique de Toy Story. Finalement les références s’estompent logiquement au profit d’un parcours initiatique inédit. Le film est donc une épopée de science-fiction où les scènes d’actions s’enchainent, si bien que cette production Pixar manque parfois de charme et d’innocence. Le public visé semble plus mature, la notion d’hyperespace et les complications du voyage dans le temps offrant une complexité dans la narration qui pourraient perturber les plus jeunes spectateurs.

 

Sensé être un film des années 90, Buzz l’Éclair est résolument moderne dans son propos, respectant les codes des blockbusters actuels et proposant enfin un couple LGBT salvateur. De toutes les batailles de Buzz, contre sa culpabilité ou la technologie, celle qui l’oppose au temps est sans doute la plus complexe. Sa vie lui échappe littéralement : pendant qu’il s’acharne à réparer sa faute, les membres de l’équipage vivent leur propre vie, et fondent paisiblement une famille. Là réside la morale du récit.

 

 

La nouvelle itération de Buzz est toujours ce personnage déterminé, sûr de lui et héroïque. Contrairement au jouet, le ranger a pleinement conscience de son état et demeure beaucoup plus sérieux (et fatalement moins drôle…) que le Buzz de 1995. Comme pour le doublage original, Richard Darbois lègue la voix du héros au très populaire François Civil. Si le changement de voix peut déstabiliser les premières minutes, la prestation du jeune comédien est convaincante. Alors que sa présence semble de premier abord peu pertinent, le chat robot Sox fait finalement meilleure impression au second acte. Cet acolyte peu conventionnel est une source comique bienvenue et plaira au jeune public, interprété par le talentueux Michaël Gregorio en VF. Pour accomplir sa mission, Buzz devra compter sur le soutien d’un groupe de jeunes recrues ambitieuses, au tempérament bien trempé avec au casting : Lyna Khoudri (Izzy Hawthorne), Tomer Sisley (Mo Morrison) et Chantal Ladesou (Darby Steel).

 

 

Buzz l’Éclair est visuellement irréprochable et s’éloigne des codes établis dans la saga Toy Story. Le spectateur est transporté dans un univers où l’esthétisme galactique s’inspire des grands films de science-fiction des années 1970 et 1980, comme Star Wars. La partition musicale est signée Michael Giacchino. Pourtant grand habitué des productions Pixar à la bande-originale magistrale (Là-haut, Les Indestructibles, Ratatouille) le compositeur peine à trouver un thème fédérateur pour cet opus.

 

Moderne, bourré d’action et visuellement incroyable, Buzz l’Éclair dévoile les origines du célèbre jouet avec perspicacité. Si le spectateur passe un agréable moment devant ce film de science-fiction aux codes des blockbusters les plus récents, les fans de la première heure regretteront la perte d’innocence et le charme des premiers films de la saga Toy Story.