Comme Mulan avant lui, le dernier né des Studios Pixar,
Soul,
subit les conséquences de la pandémie mondiale de Covid-19. Sortie
en salles retardée à de multiples reprises, pour enfin attérir
sur Disney+ dans les marchés américain et européen.
Soul
viendra donc réchauffer l'âme des français à Noël sur la plateforme,
une première pour un long-métrage du studio, et un écrin finalement
peu prestigieux pour ce bijou d'esprit.
Cinq ans après
Vice-Versa, Pete Docter quitte le monde de
l'esprit pour dévoiler celui de l'âme. Le réalisateur confirme sa
maîtrise dans l'art de révéler l'inconscient.
Soul propose
d'illustrer, avec une originalité passionnnante, le Grand Avant, le
monde avant la vie, où les nouvelles âmes acquièrent leur
personnalité, leur originalité et leurs centres d’intérêt avant de
se rendre sur Terre. Une aubaine pour les artistes Pixar qui
excellent une nouvelle fois dans l'illustration d'un monde
fantastique, dans le pure héritage de
Vice-Versa. Les couleurs pastels habillent cet univers
incroyable, peuplé d'êtres aux lignes épurées qui rapelleront la
série animée italienne La Linea. Une prouesse d'ingéniosité
dans un film d'animation CGI.
Cet univers incroyable s'oppose au New-York réaliste et bruyant
du héros, Joe Gardner (Omar Sy). Le professeur de musique, qui voit enfin le
rêve de toute une vie se concrétiser, est subitement arraché à son
quotidien pour attérir dans le Grand Avant. Avec une première partie
terriblement efficace, le scénario réunit habillement Joe et 22 (Camille Cottin), une
âme espiègle et cynique qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une
vie humaine. Le deuxième acte est sûrement moins efficace, car il
repose sur la coopération de deux individus que tout oppose, un
stratagème scénaristique et humoristique déjà bien usé à Hollywood.
Qu'importe, le spectateur s'attache à la quête des deux héros, qui
tient en haleine jusqu'au climax.
L'émotion est, comme souvent chez Pixar, un pivot du film. Moins piquant et subtil que dans
Vice-Versa, l'humour offre un
parfait équilibre à des thèmes difficiles comme la mort, et vient
supporter un deuxième acte visuellement moins sophistiqué.
Soul
propose une réflexion inédite dans le monde de l'animation. Le sens
de la vie, les fondements de la personnalité, l'atrocité du destin sont
d'autant de thèmes abordés avec une poésie apaisante dans le
contexte actuel. La passion de
Joe pour la musique est un pretexte de premier choix pour
l'habillage musical du film. Si les séquences de jazz confiées à
Jon Batiste sont pertinentes et sympathiques, la
partition de Trent Reznor et Atticus Ross
est bien plus discrète, et manque d'une mélodie fédératrice.
Peu de long-métrage peuvent s'enorgueillir d'offrir une réflexion
profonde sur les fondations de l'être et de la passion. Par son
visuel léché, son sens du drame et ses personnages charismatiques,
Soul
est un cadeau qui vient adoucir l'âme et rallumer la flamme dans un
monde désenchanté.
