Une nouvelle œuvre cinématographique du grand Tim Burton est un événement en soi. Un film de Tim Burton associé à un studio mythique comme Disney ne pouvait qu’être parfait… hélas si Alice au Pays des merveilles possède d’innombrables qualités, les espoirs que le film a suscité étaient sans doute un peu exagérés.

 

 

                         

                   

 

          Le principal défaut du film est sans conteste son scénario à la fois convenu et peu palpitant. Plus qu’une nouvelle adaptation du célèbre classique de la littérature anglaise, cette nouvelle vision des aventures d’Alice est davantage une suite à l’œuvre originale. Alice, désormais âgée de 19 ans, retourne dans le monde fantastique qu’elle a découvert lorsqu’elle était enfant. Elle y retrouve ses amis le lapin blanc, Tweedle Dee et Tweedle Dum, le chat Chess et bien entendu le Chapelier Fou. La jeune fille se lance alors dans une aventure extraordinaire au cours de laquelle elle accomplira son destin : mettre fin au règne de terreur de la redoutable Reine Rouge. C’est donc avec un réel plaisir que l’on « retrouve » les personnages qui ont fait le succès du livre mais surtout du dessin animé de Walt Disney sorti en 1953. Seulement, même si le film se déroule 19 ans après les premiers pas d’Alice au pays des Merveilles, il n’en demeure pas moins un arrière goût de déjà vu. Et même si les nouvelles trouvailles scénaristiques pour se démarquer des anciennes adaptations sont intéressantes, il n’en demeure pas moins que le scénario souffre d’un manque d’originalité et de quelques lenteurs. En même temps le pari est risqué de ne pas trop s’éloigner de l’œuvre originale tout en trouvant sa propre vision. Alice se retrouve ici chargée d’une mission : sauver le pays des merveilles en détruisant le redoutable monstre ailé de la reine Rouge, tout en échappant aux cartes maléfiques de la reine lancées à sa recherche. Bref, une aventure à la fois nouvelle et sans réelles surprises. Mais tout n’est pas négatif et il demeure très agréable de suivre les aventures d’Alice dans ce « nouveau » pays des merveilles que l’on apprécie de découvrir tout le long du film.

 

                  

 

          La force du film réside en sa pléiade de personnages hauts en couleurs et au design, imaginé par Tim Burton, des plus réussis. La star du film est paradoxalement un personnage assez secondaire de l’œuvre animée de Walt Disney : le Chapelier Fou, interprété par un Johnny Depp une nouvelle fois parfait dans un rôle déjanté. L’acteur charismatique retrouve son réalisateur fétiche lors de cette 7ème collaboration pour notre plus grand plaisir (Edward aux Mains d’Argents et Sweeney Todd, le Diabolique Barbier de Fleet Street entre autres…). L’interprétation est magistrale et on se plait à retrouver certaines similitudes dans le jeu de l’acteur avec un certain Jack Sparrow (Pirates des Caraïbes). C’est d’ailleurs à Johnny que l’on doit l’aspect si particulier du Chapelier et quelques aspects de sa personnailté. Le Chapelier Fou prend une telle place dans le film qu’il éclipse un peu Alice. Mia Wasikowska est délicieuse dans le rôle d’Alice mais le personnage souffre du même syndrome que celui de l’héroïne de Walt Disney. Même si on la voit à de nombreuses reprises à l’écran, on peine à s’attacher à la jeune fille qui peut paraître un peu transparente par rapports aux autres personnages tellement riches. En revanche la Reine Rouge est une parfaite réussite à la fois scénique et visuelle. Helena Bonham Carter (une autre habituée des œuvre Burtoniennes) est magistrale dans le rôle de la cruelle Reine Rouge, souveraine du Pays des Merveilles et délivre avec délice ses crises de colères et sa célèbre réplique : « Qu’on leur coupe la tête ! » (qui n’est, au passage, pas sans rapport avec la tête proéminente dont le personnage a été doté). Sa sœur et parfait opposé, la Reine Blanche, est incarnée par la douce Anne Hathaway, notamment plébiscitée pour sa prestation face à Meryl Streep dans Le Diable s’Habille en Prada et révélée dans la production Disney Princesse Malgré Elle. Tim Burton a marqué de sa patte les autres personnages au visuel à la fois surprenant et parfait, avec notamment un Matt Lucas méconnaissable en Tweedledee et Tweedledum. Les costumes élaborés par Colleen Atwood mettent les personnages en valeur et démontrent une fois de plus le talent d’une créatrice récompensée déjà à deux reprises aux Oscars (et un troisième serait bien mérité).

 

                   

  

          On ne change pas une équipe qui gagne, et c’est aussi valable pour la musique ! Collaborateur de longue date de Tim Burton, Danny Elfman nous propose une partition de grande qualité, aux thèmes oniriques et envoutants. La chanson du générique de fin, « Alice » est composée et interprétée par Avril Lavigne. Elle m’a beaucoup plus et colle parfaitement à l’univers du film.

                   

 

          Utilisant un mélange de techniques d’effets visuels, dont des plans tournés avec des acteurs sur fond vert et des personnages entièrement réalisés en images de synthèses, Tim Burton propose un univers visuel unique et fascinant. Les décors sont une merveille de détails, de couleurs et de formes en tous genres. Les effets spéciaux sont très aboutis et parfaitement maitrisés : la tête grossie de la Reine Rouge est une prouesse technique et visuelle à elle seule !

                   

 

           On retiendra comme scène mémorable l'ouverture que j'ai trouvé très réussie, introduisant l’univers fantasmagorique habituel du réalisateur, mais j’ai été peiné d’en retrouver moins l’emprunte dans la suite du film. La scène où Alice pousse la porte du pays imaginaire en met plein les yeux grâce à ses couleurs, ses détails et l’atmosphère qui en ressort. La scène du combat final sur l’échiquier géant et le duel avec le monstre de la Reine Rouge sont aussi mémorables.

 

                  

 

          Alice au Pays des Merveilles est une œuvre époustouflante, grâce à ses effets visuels, ses personnages hauts en couleur, ses acteurs charismatiques et sa musique envoutante. Le seul faux pas est un scénario convenu et parfois à la limite de l’ennuyeux. Le résultat final est tout de même très satisfaisant mais on ne peut s’empêcher de sortir de la salle frustré. Il n’en demeure pas moins que Tim Burton reste un réalisateur d’exception et que le film se suit avec plaisir.

 

 

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