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Cheval de Guerre est un grand film d'aventure sur fond de Première Guerre Mondiale, réalisé par Steven Spielberg. On y découvre l'amitié exceptionnelle entre le cheval Joey et Albert, le jeune homme qui l'a élevé. Bénéficiant de tout le savoir faire du maître Spielberg, Cheval de Guerre compose entre la fresque historique et le conte moderne.

 

 

 

 

 

 

 

          Comme son nom l'indique, Cheval de Guerre est tout d'abord l'histoire d'un cheval, le véritable premier rôle du film. Le casting s'étoffe autour de l'épopée du jeune poulain, des calmes campagnes anglaises jusqu'à la fureur des tranchées. Le premier rôle bipède est confié à un inconnu, Jeremy Irvine, qui offre une prestation plutôt convaincante malgré ses premiers pas devant la caméra. Le récit est cependant écrit de telle sorte que le personnage n'apparaîtra que dans les premiers et derniers tiers du film. C'est donc pendant la première demi-heure que doit se construire la complicité entre le cheval Joey et Albert, un exercice finalement réussi tant la séparation entre les deux protagonistes est déchirante. Les autres noms du casting s'enchaînent par la suite à un rythme effréné, avec la désagréable sensation de voir une longue liste de personnages défiler sous nos yeux, voire faire de la figuration, malgré des personnalités de choix comme David Thelwis ou Emily Watson

 

 

 

          Ce roulement de personnages (on constatera finalement que peu de destins se croiseront) participe à la fragmentation du récit, avec le sentiment de voir les scènes se succéder avec comme unique fil conducteur le cheval Joey, finalement la seule figure connue qui intervient dans la totalité du récit. Cette désarticulation s'accentue encore plus avec un rythme tout à fait hétérogène, où de longues scènes intimistes s'entrecoupent de courtes séquences de bataille.

 

 

 

          Les défauts du rythme sont cependant compensés par une excellente maîtrise technique et artistique. Steven Spielberg a montré une nouvelle fois son savoir faire avec des plans tout à fait somptueux et une grande souplesse de la caméra. Les quelques séquences de bataille sont filmés avec un soin tout particulier, qu'une photographie réfléchie et astucieuse met largement en valeur, le tout sans le moindre effet numérique (dont une saisissante traversée des tranchées). On en viendrait presque à regretter que ces scènes de bravoure ne soient pas plus nombreuses ou, à défaut, plus longues. John Williams, fidèle à sa réputation, signe une partition de qualité même si les séquences musicales restent finalement discrètes.

 

 

 

          L'histoire de Cheval de Guerre n'est pas que celle d'un cheval, mais aussi celle d'un contexte historique, qui participe grandement à l'émotion que dégage le film. La dureté des combats est rendue avec justesse, bien que la moindre trace de sang semble avoir été effacée au montage. Sans doute une astuce pour conserver une dimension tout publique à l'œuvre qui, sans vouloir se montrer didactique, ferait un parfait film illustratif de la Première Guerre Mondiale pour les collégiens. Alors que Joey passe des deux côtés du front, les deux camps sont successivement nos hôtes, avec la subtilité de ne pas prendre parti, et d'offrir des rôles attachants aux diverses nationalités représentées. On regrettera cependant le choix qui a été fait de ne pas conserver la langue maternelle des pays concernés, au bénéfice d'un doublage partiel en VF. Une stratégie certainement en accord avec la vision du "tout public" manifestement défendue par le film, mais qui tend à effacer la symbolique du "No Man's Land".

 

 

 

          Cheval de Guerre est, malgré quelques longueurs, un film de qualité. Steven Spielberg affirme une nouvelle fois l'étendue de son talent en proposant une fresque historique tout à fait poignante et intense, marquée par une émotion réelle et des acteurs tout à fait convaincants. Des forces qui ont positionné Cheval de Guerre dans la compétition aux Oscars, dont la prestigieuse catégorie du Meilleur Film.