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Isao Takahata, fameux réalisateur de Le Tombeau des Lucioles et Mes Voisins les Yamada, revient avec Le Conte de la Princesse Kaguya, un nouveau long-métrage permettant au studio Ghibli, après les déstabilisants La Colline aux Coquelicots et Le Vent se Lève, de retrouver ses fondamentaux. En réinvestissant le style graphique minimaliste des Yamada, le film prend le risque de détourner le public non averti mais capte le spectateur par la force de son récit.

 

 

Le Conte de la Princesse Kaguya s'inspire d'un conte du folklore japonais dans lequel une minuscule princesse, Kaguya, "la princesse lumineuse", est découverte dans la tige d'un bambou. Elevée par un vieux paysan et sa femme, Kaguya devient très vite une magnifique jeune femme que les plus grands princes convoitent : ceux-ci vont devoir relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main, avant que l'Empereur lui-même ne montre de l'intérêt pour la jeune femme. Une histoire universelle totalement accessible au public européen, imprégnée de douceur et de poésie. Le récit flâne entre les différents chapitres de la vie de Kaguya et prend son temps pour établir ses enjeux, trop peut-être. La trame scénaristique, d'une simplicité onirique et rafraichissante, ne justifie pas un film de deux heures, si bien que la plupart des séquences s'étendent en longueur inutilement.

 

 

Ce qui paraît un défaut devient une qualité lorsqu'un tel tableau animé prend vie sous nos yeux, et le temps devient notre ami pour apprécier la beauté du trait, fin et léger, rappelant les emakis japonais de la période ancienne. Un style complètement à propos bien que déstabilisant, où la simplicité dissimule une technicité picturale réelle. Takahata impressionne par sa maîtrise de l'écran, où chaque plan est un tableau, alternant entre les couleurs pastels de l'aquarelle et la rigueur du crayon. Un trait d'une constance étonnante mais qui s'autorise de jolies métaphores visuelles, en particulier lorsque la princesse fuit la société mondaine dans laquelle on l'a enfermé et se décharge de ses lourdes contraintes.  Le dessin épuré s'apprivoise avec un jeu des bruitages soudainement magnifié, la douce musique de Joe Hisaishi (Le Voyage de Chihiro, Le Château Ambulant), et les deux sympathiques chansons du film "La Chanson des Enfants" et "La Chanson de la Nymphe Céleste".

 

 

Le Conte de la Princesse Kaguya s'imprègne de la richesse de la culture japonaise et aborde de nombreuses pratiques ancestrales peu connues du monde occidental, comme le noircissement des dents, l'épilation des sourcils ou cet instrument de musique traditionnel qu'est le koto. La reconstitution historique du japon féodal est dès lors particulièrement intéressante. Mais le film évoque aussi des thèmes plus fédérateurs, comme l'ascension sociale, l'importance des racines, le mariage forcé, le pouvoir de la nature et de l'amour. Mais plus que tout, la force de l'émotion inscrit l'œuvre dans le digne héritage du studio Ghibli, grâce à une héroïne pleine de vie et terriblement attachante, dont l'ivresse des peines arrache le cœur.

 

Le graphisme minimaliste et traditionnel contraste avec l'ambition insoupçonnée de Le Conte de la Princesse Kaguya. Une profondeur technique mais surtout émotionnelle : le récit, d'un calme poétique, s'étire inutilement en longueur mais ne perd jamais l'attention du spectateur, complètement embarqué par les sentiments de l'héroïne, jusqu'à un dernier chapitre mémorable de cœur et de puissance.