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Pour son dernier film, le grand réalisateur japonais Hayao Miyazaki s'inspire de la vie d'un individu ayant réellement existé, Jiro Horikoshi, ingénieur aéronautique pendant la Seconde Guerre Mondiale qui a créé le bombardier le plus performant de l'époque, le célèbre chasseur Zéro. En s'éloignant des univers fantastiques qui ont fait sa renommée, Miyazaki offre là peut-être son œuvre la plus personnelle mais aussi la moins adaptée à un public occidental.

 

 

Le style biographique est en effet clairement déroutant pour un film d'animation. Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions, à l'image du fameux concepteur d’avions italien Giovanni Caproni qu'il admire tant. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde. La première partie de l'œuvre est sans doute la plus intéressante, en posant les bases des liens qui uniront les personnages pour le reste de l'histoire en les plaçant au cœur d'une catastrophe naturelle qui, si elle parlera historiquement peu aux européens, a le mérite de dynamiser le début du récit et d'en introduire des enjeux. Car sitôt cet épisode passé, le rythme s'essouffle, et les deux heures du film paraissent bien longues.

 

La valence japonaise de la Seconde Guerre Mondiale est finalement peu parlante aux européens, et le public occidental passe à côté de la référence historique avec ce long processus de création aéronautique, détaillé avec rigueur mais sans dynamisme. Il y a bien cette deuxième intrigue, l'histoire d'amour du film, réellement touchante, mais associée à une vie quotidienne bien trop conventionnelle pour se révéler cinématographiquement intéressante. En revanche, les échappées oniriques de Jiro, accueillies comme de véritables bouffées d'air frais, portent toute l'ambition artistique et la poésie du film sur leurs épaules, en justifiant à elles seules le medium de l'animation dont on cherchait encore l'intérêt. C'est dans ces courts instants que l'on retrouve l'art de Miyazaki.

 

 

Peut-être ce manque d'implication du spectateur dans le récit est dû à un défaut d'attachement aux personnages. Hiro manque de ce brin de personnalité qui permettrait de nous porter durant le film. Si elle reste le personnage le plus touchant du film, même constat pour Nahoko, la jeune femme dont Hiro tombre amoureux, qui peine à se démarquer parmi les autres héroïnes du studio pour qu'on puisse s'y rattacher. Le concepteur italien Caproni est sans doute le personnage le plus charismatique, mais habitant les rêves de Jiro, il n'est cantonné qu'à ces cours épisodes. Le reste du casting est trop classique pour rehausser notre intérêt.

 

Techniquement, l'animation est un cran au-dessus de celle de la précédente production du studio, La Colline aux Coquelicots. Le style manque cependant de la fluidité et de la finesse des œuvres les plus emblématiques du studio, et les quelques tentatives d'animation 3D sont amenées avec une transition plus ou moins heureuse. On soulignera malgré tout l'incroyable réalisme des avions présentés et la richesse du nombre de modèles, contrastant avec les rafraîchissants délires visuels des rêves, plus cartoonesques.

 

 

Difficile d'accès, moins magique, moins poétique, Le Vent se Lève clôt la carrière d'Hayao Miyazaki avec un réalisme et une gravité qu'on lui connaissait peu. En relatant des événements d'entre deux-guerres peu parlants pour le public européen qui a déjà fort à connaître de sa propre histoire, le spectateur assiste à une succession d'évènements dans lesquels il ne peut s'impliquer, un sentiment de distance creusé par des personnages principaux peu fédérateurs et un rythme inégal. Restent des séquences de voltiges et de rêveries parfaitement maîtrisées, largement représentatives de l'œuvre que le grand Miyazaki nous laisse en héritage.